Christian Levrat: « Nous devons être offensifs »

Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse, évoquait début 2010 quelques sujets d’actualité relatifs aux assurances sociales.

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Christian Levrat. Photo DR

 

Le 7 mars prochain nous voterons sur la baisse du taux de conversion du 2e pilier. Quel est votre argument No 1 pour dire non à cette baisse ?
Nous menons un référendum contre les assureurs. Le calcul des bourgeois est clair : ils veulent baisser les rentes pour garantir le bénéfice des grandes sociétés d’assurances, prendre des milliers de francs aux retraités pour les redistribuer aux managers et aux actionnaires. Savez-vous, par exemple, que le directeur de la Bâloise gagne plus de 6 millions de francs par année? Ou que les 11 dirigeants de Swiss Life se partagent 57 millions ? S’il y a des économies à faire, c’est avant tout sur ces salaires et sur les frais administratifs. Dans une assurance, la gestion du 2e pilier coûte 770 francs par assuré et par année. A l’AVS, moins de 30 francs.

Les attaques contre les assurances sociales se multiplient. Quelle est la stratégie du Parti socialiste suisse pour contrer ce démantèlement ?
La droite a l’air décidée de passer en force. Nous devons résister et ne pas hésiter à en appeler au peuple si nécessaire. Je suis sûr que les gens nous suivrons. Cependant, il ne faut pas se limiter à des combats défensifs. Il faut essayer de faire bouger les choses dans notre direction, en lançant par exemple des initiatives populaires ciblées. C’est pourquoi, avec les syndicats, nous étudions le lancement d’une initiative pour des salaires minimaux. Ou d’une initiative pour créer de nouveaux emplois grâce aux énergies renouvelables. Et nous travaillons également pour une caisse de maladie publique. Au démantèlement voulu par la droite doit répondre une stratégie offensive de la gauche.

Est-il judicieux de remettre sur le tapis une nouvelle initiative sur la caisse de maladie unique?
C’est la seule solution. Pour enterrer notre première initiative, Pascal Couchepin avait promis que les hausses de primes seraient modérées. On a vu cet automne qu’elles ont augmenté de presque 10% en moyenne, jusqu’à 20% dans certains cantons. Et l’année prochaine ne s’annonce pas meilleure. En fait, une caisse maladie unique permettrait de garantir un pilotage public du système de santé. Nous travaillons actuellement à une nouvelle proposition dans ce sens. Sur le modèle de l’AVS ou de la Suva par exemple.

 

Extrait de l’interview parue dans contact.sev, février 2010.