Durant le deuxième semestre 2001, Vasco Pedrina, alors président du Syndicat de l’industrie et du bâtiment (SIB), avait pris un congé sabbatique de cinq mois. Lors de l'attaque du 11 septembre, il se trouvait dans une école de langue à New York . Fin novembre 2001, alors que les décombres des Twin Towers étaient encore fumants, je l’ai l’interviewé à Manhattan.
Photo AC
Comment les syndicats américains ont-ils réagi face aux attentats du 11 septembre et l’entrée en guerre des Etats-Unis en Afghanistan ?
Il faut savoir qu’il y a eu plus de mille collègues syndiqués qui ont péri dans les attentats du 11 septembre. Dans les tours du World Trade Center, 343 pompiers sont morts. Les pompiers forment à New York une corporation qui connaît un fort taux de syndicalisation. Les syndicats américains ont donc pris très nettement position en faveur des attaques en Afghanistan. Pour eux, cette guerre est indispensable pour répondre aux actes terroristes qui ont profondément ébranlé la base syndicale américaine.
Quel impact a eu le 11 septembre sur les travailleurs new-yorkais ?
Du 11 septembre 2011 à fin octobre, soit en à peine 50 jours, quelque 80’000 newyorkais ont perdu leur travail. Le 70% d’entre eux ne reçoivent rien de l’assurance chômage parce qu’ils avaient un emploi précaire et le 30% reçoivent environ 1000 dollars par mois et ceci durant 6 mois, pas un mois de plus ! Le New York Times vient de titrer un article « Hunger Emergency in New York » où l’on apprend qu’un million de personnes vivant dans la Grande Pomme auront recours cet hiver aux repas distribués par des associations humanitaires.
Cela paraît invraisemblable que tout cela se passe dans la plus grande ville de la première puissance mondiale !
Pour moi, la morale de cette histoire est que, quand je rentrerai en Suisse, je vais dire à mes camarades, avec encore plus de véhémence, qu’il faut tout faire pour préserver nos acquis sociaux. Que c’est important de maintenir les infrastructures de services publics. Nous devons contrer par tous les moyens possibles les dérives néolibérales.
Extrait de l’interview parue dans L’Evénement syndical, décembre 2001.