Marcher sur la queue du tigre

J’ai rédigé en 2013 la nouvelle « Le Boléro de Robert » dans le cadre de l’atelier d’écriture de la NRF « Marcher sur la queue du tigre ou réveiller la créativité qui sommeille en nous » animé par Philipe Djian.

Robert, malade, fait le bilan de sa vie tout en écoutant le Boléro de Ravel, une musique qui sert de bande-son au récit. Ancien déporté de Buchenwald, Robert a quitté l’enfer du camp de déportation nazi animé par un esprit de revanche sur les humains. Dans la jungle du colonialisme français d’après-guerre il se conduit en kapo pour satisfaire ses désirs et pour s’enrichir. L’antithèse d’un Jorge Semprun ou d’un Elie Wiesel. La fin du récit est aussi abrupte que les dernières notes du Boléro.

Pas droit à l’arrêt-pipi

VMCV

A l’occasion du 100e anniversaire de la section VMCV du Syndicat des transports SEV, son comité m’a demandé de rédiger une plaquette. Pour réaliser ce travail de 32 pages j’ai fouillé dans les archives et interviewé une douzaine de syndicalistes. Dans les pages consacrées à l’histoire on peut lire qu’en 1888 le tramway Vevey – Montreux – Chillon est la première ligne suisse (et la deuxième d’Europe) à avoir été électrifiée.

Dans les pages qui évoquent les conditions de travail actuelles des employés des VMCV, on tombe sur un problème récurrent chez les chauffeurs des transports publics : l’absence de toilettes au terminus des lignes de bus et de trolleybus. Une absence bien plus embarrassante pour les conductrices, comme le souligne l’une d’elles : « Nous devons nous débrouiller, repérer un tea-room ou un magasin qui nous autorisent à faire notre arrêt-pipi dans leurs toilettes sans devoir systématiquement consommer une boisson ou faire des achats. Le problème supplémentaire c’est que nous n’avons pas forcément le temps de faire notre arrêt-pipi. »

Une religieuse décoiffante

L’autobiographie de Sœur Benedicta Boucard (1920 – 2006), de la congrégation des Sœurs de Saint Maurice, a paru en 2005. J’ai été le nègre de ce texte de 120 pages. Cette religieuse, pétrie d’humour, était très populaire dans la commune de Bex. Pour fêter ses 70 ans elle a voulu effectuer un saut en parapente…

Secrétaire au sein de la fabrique de montres Tissot au Locle, elle décide à 27 ans de quitter son travail, sa famille, ses amis, sa passion pour la danse et pour le patinage et entre au couvent à St-Maurice (Valais). Elle se forme au métier d’institutrice et apprend à lire et à écrire, à Madagascar et en Suisse, à plus de 1500 élèves. « C’est un privilège d’avoir vécu tout ce que j’ai vécu. Sous le mot privilège on peut mettre le mot Grâce. Apprendre à des enfants à lire, à travailler, à respecter autrui, c’est quelque part un apostolat. Tout ce que j’ai fait, je ne l’ai pas fait pour faire plaisir à Pierre, Jacques ou Jean, mais par amour pour Dieu. »

Pour Nobel l’amitié n’avait pas de prix

Guido Nobel (1922 – 2002) a été le directeur général de La Poste (ex PTT). Ce personnage haut en couleurs m’avait demandé de rédiger les légendes des nombreuses illustrations qui ont été publiées dans son autobiographie de 104 pages parue en 1994. Le parcours de Guido m’a fasciné. Manœuvre au service des marchandises des gares CFF, il a gravi quatre à quatre les échelons professionnels, syndicaux et politiques : contrôleur CFF, secrétaire syndical à la FCTA, à l’Union PTT puis de l’Union syndicale suisse, président du Grand Conseil bernois, enfin directeur général des PTT.

Avec Guido Nobel impossible de passer inaperçus dans un bistrot, avec son 1m90, son sempiternel nœud papillon, sa voix tonitruante et son langage riche en noms d’oiseaux… Nobel, un géant chaleureux pour qui l’amitié n’avait pas de prix !

Pas de bonnes conditions de travail, pas de bons ouvriers

« Pour certaines personnes, être syndicaliste cela rime à être communiste ou à être plongé dans la politique. A ces gens je réponds qu’être syndicaliste cela veut juste dire être solidaire avec nos collègues de travail. »

« Le syndicat fait partie intégrante de l’entreprise. S’il n’y a pas de bonnes conditions de travail, il n’y a pas de bons ouvriers. Et s’il n’y a pas de bons ouvriers, il n’y a pas de bonne entreprise. »

« Je suis syndiqué comme mon grand-père et mon père l’ont été. Les non-syndiqués n’ont pas compris que c’est grâce au syndicat que nous avons obtenu certains avantages et que nos droits sont défendus. »

Ces trois citations sont extraites d’interviews de militants syndicaux travaillant au sein des Transports Publics du Chablais (TPC). Elles ont paru dans la plaquette de 32 pages publiée en 2008 à l’occasion du 100e anniversaire de la section Plaine du Rhône du Syndicat du personnel des transports SEV. Les archives de la section m’ont permis de rédiger la partie historique et j’ai interviewé 16 militants syndicaux pour qu’ils me parlent de leur engagement syndical et de leurs conditions de travail.