Déjà le 11% des Romands renoncent à se faire soigner !

L’augmentation des primes de l’assurance-maladie de 4,7% pour les adultes vaudois va provoquer un dégât collatéral que nous aurions tort de sous-estimer : de plus en plus de Vaudois devront renoncer aux soins médicaux. L’année passée, une étude de la Policlinique médicale universitaire de Lausanne pilotée par les médecins et professeurs Patrick Bodenmann et Thomas Bischoff, révélait que déjà le 11% des Romands renoncent à se faire soigner (le 70% étant de nationalité suisse).

Pourtant ces personnes sont bel et bien assurées. Mais par manque de moyens financiers elles ne peuvent pas aller chez leur médecin, encore moins consulter des spécialistes, elles doivent se priver de médicaments, etc. parce qu’elles n’ont pas suffisamment d’argent pour payer la franchise et la quote-part de 10% sur les coûts des soins et des médicaments.

Lorsque l’on sait que la prime de base moyenne varie de 326,70 francs (Appenzell Rhodes-Intérieures) à 545,61 francs (Bâle-Ville) – 60% d’écart ! – il me semble logique qu’il faut soutenir le projet d’une caisse publique cantonale. En maîtrisant mieux les coûts de la santé au niveau du canton l’on pourra mieux combattre la tendance d’une médecine à deux vitesses qui voit déjà le 11% des Romands devoir renoncer à se faire soigner.

Alberto Cherubini, 28 septembre 2015.

 

 

 

 

 

 

La roue de l’histoire des migrations tourne

La commune de Finhaut (VS) consacre ces mois-ci une exposition à Geneviève Lugon-Moulin. Au début du 19e siècle cette veuve décida de quitter Finhaut avec ses 5 enfants pour émigrer au Brésil. Dans sa vallée du Trient elle ne réussissait plus à joindre les deux bouts.

Le 1er juillet 1819, Geneviève Lugon-Moulin et les autres candidats du Valais et du Chablais à l’exil se sont rassemblées à Bex pour préparer le long et difficile voyage vers les Pays-Bas d’où des navires allaient les transporter vers l’Amérique du Sud. Geneviève Lugon-Moulin traversa l’océan Atlantique avec quelque 2000 autres émigrés helvètes pour s’installer au Brésil. Ainsi la Suisse pouvait se débarrasser de ses pauvres… et les colons portugais étaient satisfaits de voir arriver une main-d’œuvre européenne qui leur permettait de s’accaparer d’une terre jusque-là occupée par des tribus indiennes… Mais ça c’est une autre histoire…

La commune de Bex – qui avait accueilli le 1er juillet 1819 Geneviève Lugon-Moulin avec les autres candidats valaisans et chablaisiens à l’émigration – a vu 187 ans plus tard, le 26 novembre 2006, la majorité de ses citoyens voter oui à l’initiative communale de l’UDC qui demandait la fermeture du centre de requérants d’asile (malgré ce vote, le Conseil d’Etat vaudois a décidé de maintenir à Bex le foyer de l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants).

A l’heure où l’afflux d’immigrés en Europe atteint des pics jamais atteints depuis la Seconde Guerre mondiale, il est bon de se rappeler que la Suisse a été un pays d’émigration. C’est le grand mérite de l’exposition « Geneviève d’une Terre à l’autre… » que l’on peut visiter à la Galerie Victoria à Finhaut jusqu’au 10 janvier 2016. www.expogenevieve.ch

Alberto Cherubini, 2 septembre 2015.